« Il faut encore avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse ».
Friedrich Nietzsche
Création originale chorégraphiée et mise en scène par Sophie Caillaud
avec
Cécile Catani, Léa Bare, Pascale Pouliquen, Sawsen Ayari-Pouliquen, Alice Coquel-Caillaud, Rémi Coquel-Caillaud, Sophie Caillaud
Note d’intention
Nombreuses sont les sources qui ont nourri ce projet depuis les premières séances de travail : lectures, documentaires, musiques, articles et émissions scientifiques, conférences (Jordi Savall, Hubert Reeves) … mais quelques-unes sont directement à l’origine de cette création, née à l’été 2015 :
- une lecture, « L’Etrange disparition d’Esme Lennox » de Maggie O’Farrell. Deux des protagonistes sont sœurs et, pour des raisons et sous des formes différentes, sont atteintes de démence ;
- une musique qui m’est inconnue mais très évocatrice ; je découvre qu’elle est composée par le groupe Saturne et que le morceau en question s’intitule « Eclipse » ;
- un documentaire captivant : « Voyage aux origines de la Terre » retrace l’histoire de la Terre, de sa formation à l’apparition de la vie humaine ;
- diverses interviews radiophoniques des passionnants astrophysiciens Hubert Reeves et André Brahic.
Tout cela, sans que je parvienne tout de suite à le cibler de manière précise, était lié et devait de toute évidence faire l’objet de la futu
re création et y être mis en relation. Cette relation s’est faite subitement. Je savais qu’elle serait établie lorsque j’aurais trouvé le titre de la pièce à naître, un titre qui contiendrait tout ce que m’évoquent des sujets aussi vastes et pointus que les troubles comportementaux et l’astrophysique.
« What’s up ? »
Malgré les progrès fulgurants dans le domaine scientifique en général, de la médecine et de la découverte de l’univers en particulier, il semble que l’Homme ne soit pas au bout de ses découvertes, de ses surprises et de ses remises en question. L’ampleur de ce qu’il nous reste à découvrir ne fait qu’augmenter au fur et à mesure que la science progresse. Cette science qui nous apporte des bonnes et des mauvaises nouvelles. Des raisons de se réjouir ou d’appréhender l’avenir.
Mais surtout, qui nous donne, pour laisser libre cours à notre imagination, beaucoup de matière. Matière grise, matière noire, antimatière…. Selon Hubert Reeves, « l’avenir de l’homme sur Terre est bien incertain », constat alarmant et surtout aberrant puisque l’Homme est le bourreau de cette planète qui l’a fait naître et qui l’héberge.
Mais puisqu’il y a encore tant de mystères, et puisque l’ambition humaine est désormais d’aller peupler d’autres planètes, si on s’autorisait à rêver un peu ?
« What’s up ? »
Quoi de neuf, mais aussi, traduit littéralement : « qu’y a-t-il en haut ? ». Que se passe-t-il, là-haut, dans la tête de la personne atteinte de troubles comportementaux ? Et au-dessus de nos têtes, que se passe-t-il, comment est organisé ce cosmos qui nous entoure ?
De quoi sont remplis ces deux univers et qu’est-ce qui les lie ? L’univers mental avec ses contours bien définis mais ô combien complexe et l’univers cosmiques qui n’en finit pas de s
’agrandir.
Est-ce vraiment un hasard si un neurone ressemble autant à une comète ? Si les neurones connectés entre eux ressemblent à des constellations ? Si le cerveau est partagé en deux hémisphères dotés de « constellations » bien distinctes, à l’instar des hémisphères terrestres ? Et si le chaos mental était un big bang ? Le point de départ d’un univers 
naissant dont l’exploration n’en est encore qu’à ses balbutiements?
Le sujet se précisait. La troupe s’est constituée à la fin du cycle d’ateliers chorégraphiques proposés au mois d’août 2015. Avec la distribution, la sélection musicale s’est finalisée comme une évidence. Le travail de création chorégraphique pouvait commencer, inspiré des personnalités rayonnantes des membres de la compagnie et, en partie, des « accidents heureux » (pour citer le groupe Saturne) survenus lors des séances d’improvisations.
Le thème
« What’s up? » est une grande odyssée, la quête de ceux qui n' »ont plus toute leur tête », ceux dont on dit qu’ « il leur manque une case », d’un endroit où il ferait meilleur vivre. Paranoïa, hallucinations, schizophrénie, démence, névroses obsessionnelles,… les troubles sévères du comportement ont de multiples formes et de multiples
causes et les désordres mentaux rendent ceux qui en sont atteints bien inadaptés à une vie en communauté harmonieuse. N’y a-t-il donc rien pour adoucir ces existences ?
Ne sommes-nous finalement pas en paix que lorsque notre esprit est spontanément parti se réfugier dans la Lune ? Explorer les constellations à bord d’une comète n’est-il pas un programme réjouissant devant une vie terrestre trop dure, faite d’inepties et d’injustices ? Si la solution était de s’échapper de la sphère crânienne pour voyager vers d’autres sphères ? Le périple promet des surprises mais la tentation de partir est grande. Instinctive même : peut-être s’agit-il tout simplement d’un retour aux origines, de partir à la recherche de cette petite partie de nous qui serait restée suspendue là-haut… car après tout, ne sommes-nous pas tous des poussières d’étoiles ?
La chorégraphe
La Troupe…
… à l’œuvre
